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Les îles Lofoten, Vesteralen et Senja

22 juillet au 1er août 2014

Les Lofoten, cet archipel de six îles que nous atteignons après 3,5 heures de traversier depuis Bodo est presque mythique. Tous les voyageurs en parlent avec force de qualificatifs et ce, à juste titre, nous n'avons pas été déçus. Un décor idyllique avec des montagnes taillées au couteau qui abritent des villages de pêcheurs, certains encore très actifs et authentiques, d'autres davantage tournés vers le tourisme. Des ponts relient quatre des six îles, Moskenesoy, Flakstadoy, Vestvagoy et Austvagoy et ce sont celles-ci que nous avons parcourues à pied, à moto et avec le camping-car.

 Les Lofoten, des villages de pêche

Les Lofoten demeurent commercialement très actives. Chaque hiver, l'arrivée du Gulf Stream dans les eaux glacées de l'océan Arctique provoque la migration des bancs de cabillauds (morues) de la mer de Barents. Depuis des siècles, les pêcheurs de la côte nord du continent profitent de cette manne. Bien que les stocks de cabillauds se soient effondrés ces dernières années, la pêche reste, avec le tourisme, la principale industrie des îles, comme en témoigne les innombrables séchoirs en bois dans presque tous les villages.

«L'histoire des Lofoten se confond avec celle de la pêche sur ces mers où viennent frayer les cabillauds depuis la fonte des glaciers il y a 10 000 ans. En 1120, le roi Oystein fonda la première église et fit construire des «rorbuer», de simples cabanes en bois de 4 m sur 4 m pour les pêcheurs, avec une cheminée, un sol en terre battue et un porche. L'initiative n'était pas entièrement philanthropique : le souverain prenait ainsi le contrôle de l'économie locale et s'assurait un revenu substantiel en prélevant des taxes. Au début du 19e siècle, le contrôle du commerce tomba aux mains de marchands-propriétaires qui obligèrent les occupants de leurs rorbuers à leur livrer l'intégralité de leurs prises à des prix imposés par eux-mêmes. En 1857, la loi des Lofoten diminua grandement leur pouvoir mais il fallut attendre la loi de 1936 pour que ces marchands n'aient plus le droit de fixer les prix.» La description de cette dernière époque nous a bien sûr rappelé la Gaspésie...

Bateau de pêche typique des Lofoten

Bien que la surpêche ait fortement réduit les stocks de cabillauds, les prises restent substantielles, quelque 50 000 tonnes par an. La saison de pêche culmine entre janvier et avril quand le poisson arrive de la mer de Barents pour frayer dans le Vestfjord.


Morue séchée ou stockfisch

Les Lofoten se spécialisent dans le stockfisch. Selon cette méthode ancestrale, 15 000 tonnes de poissons sont décapités chaque année, calibrés par paire et liés, puis accrochés sur d'immenses cadres en bois que l'on voit partout sur les îles. Le poisson perd environ 80% de son poids avant d'être essentiellement exporté en Italie, en Espagne et au Portugal. Le stockfisch se conserve des années et peut se manger cru (un peu caoutchouteux, mais bon avec une bière), salé ou reconstitué dans l'eau. D'une très forte valeur nutritive, il contient pas moins de 80% de protéines. Avant de sécher le poisson, on récupère la quasi-totalité des abats. La langue est une gourmandise locale (les enfants qui l'extraient sont payés à la pièce), les œufs sont salés dans d'énormes tonneaux à vin allemands et les têtes sont envoyées au Nigeria pour confectionner un plat traditionnel épicé. Du foie, on extrait une huile riche en vitamine D; nos lecteurs plus âgés se rappelleront peut-être en grimaçant avoir dû avaler chaque jour en hiver une cuillèrée d'huile de foie de morue. Aux Lofoten, on vous affirme que l'huile n'a mauvais goût que lorsqu'elle est rance...

Rando sur l'île de Moskenesoy

Nous avons joui d'une température particulièrement clémente et chaude aux Lofoten ce qui nous a permis de les explorer à pied et à moto aussi. Ces montagnes qui bordent leur côte atlantique et qui paraissent à prime abord peu hospitalières regorgent en fait de lacs et de cascades qui se prêtent merveilleusement bien à la randonnée pédestre. Notre plus belle rando fut sans aucun doute celle sur Moskenesoy. Un petit matin brumeux et couvert nous incite d'abord à remettre cette rando au lendemain mais voilà que vers 13 hre, la brume se lève et le soleil apparaît. Puisque les journées sont très longues à cette latitude, nous nous mettons en route à 14 hre pour une rando de 5 heures, impensable au Québec! Ce fut une de nos plus belles journées aux Lofoten. Un terrain bien accidenté, exigeant certes, mais qui nous a récompensés avec des panoramas magnifiques parsemés de petits lacs de montagne aux eaux cristallines.

Bande de brume persistante

Parlons un peu de cette brume dans les Lofoten... une large bande de brume s'étire parfois un peu au-dessus de l'horizon sur plusieurs kilomètres et y persiste toute la journée malgré le soleil qui brille de tous ses feux et dont on croit qu'il devrait la brûler, et bien non! Très joli pour les photos, nous en avons été victimes toutefois lors d'une balade à moto sur Vestvagoy où nous devions atteindre un pittoresque village sur la côte atlantique mais nous nous sommes plutôt retrouvés au beau milieu d'un immense banc de brume dont nous sommes sortis frigorifiés!

La saison de pêche à la morue est de janvier à avril... Brrrrrr !

Dernier commentaire sur les Lofoten... nous avons pu voir plusieurs photos hivernales de ces îles, des décors grandioses qui nous portent toutefois à avoir le plus grand respect pour tous ces hommes qui partaient pêcher la morue en haute-mer durant l'hiver. Même avec les bateaux bien équipés et les vêtements chauds d'aujourd'hui, c'est un métier fort exigeant. Quant aux pêcheurs des 18e et 19e siècles, dans leurs barques à rames... les mots nous manquent, incroyable !

Décor des Vesteralen

Au nord des Lofoten, un autre archipel attire notre attention, les Vesteralen. Ici aussi les villages de pêcheurs sont adossés à de grands pics rocheux qui surgissent de l'océan arctique. Moins touristique que les Lofoten, la pêche n'en est toutefois pas moins vivante. Petits ports et usines de transformation s'égrainent sur les côtes déchiquetées et au bord des fjords. Entre Sto et Nyksund, nous faisons une belle randonnée pédestre le long de la mer malgré les nuages bas et menaçants présents toute la journée. Des ruines d'une ferme, quelques moutons et même une plage ponctuent le sentier qui serpente au pied des montagnes.

Arc-en-ciel à Senja

Décor tout aussi géant à Senja, la seconde plus grande île de Norvège où certains villages fermés dans les années 1960 revivent grâce à des artistes et à des amoureux de la nature et des grands espaces. La route qui longe la côte ouest de l'île nous offre des décors uniques qui ont même un air dramatique sous ce temps orageux et gris.


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